David Glaser
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This is my review in French of the single (Also see the full take on https://suississimo.com/2017/09/29/single-of-the-day-in-bed/)
SINGLE OF THE DAY (IN BED)
Publié le 29 septembre 2017 par David Glaser
L’incipit dit: « je suis resté toute la journée au lit, très heureux de l’avoir fait ». Avec son nouveau single « Spent the Day in Bed », Morrissey ne se lamente plus, il a trouvé le repos. Le chanteur anglais installé en Suisse loue l’oisiveté décomplexée, le chômage technique du corps qui ne produit pas sa ration faute de livraison de cargaisons de kilojoules bienfaitrices. Musicalement, il joue avec le cœur de ses fans et de ses détracteurs, attirant les louanges des musicologistes soulignant la qualité de la mélodie, la souplesse gentiment rétro du piano électrique et des effets sonores dégingandés, tout en prêtant le flanc à une critique cinglante, une fois de plus, car signant probablement le manifeste audio le plus « mediaphobique » de notre été indien. A l’heure de la contestation des fake news russes et de l’alt-right US léchant les bottes de Steve Bannon, est-ce que les « news » dont le Moz parle vous font réellement sentir tant que ça petit, peureux et lobotomisé comme il le raconte avec un sens narratif chirurgical. Avec Morrissey, on a toujours compris facilement, nous francophones, les mots en anglais, les traits d’humour ou d’esprit Wildiens, souvent corrosifs, souvent dérisoires, incontestablement plaisants. Morrissey manie l’ellipse à tout bout de phrase et dans ce peu de mots, on ne peut s’empêcher de sentir le ras-le-bol (partagé) qu’il ressent par rapport à la machine médiatique « qui ne dit rien sur (lui) ou sur (sa) vie ». Comme il le chantait dans « Panic » à propos d’un animateur radio très technicien de surface, dénué de profonde réflexion sur ses choix de playlist. « Spent the Day in Bed » est un expression antisociale rassurante, une bombe antimondialisation/antilibéralisme qui questionne le travail et ses conséquences sur le moral des troupes productives. Le poème musical est très bien fait. Tranchant par sa simplicité textuelle et l’aspect ciselé du dernier couplet inventoriant les moyens modernes de se déplacer au point de faire brunir de colère un anabaptiste du Jura bernois devant tant de débauche de technologie ultra-moderne. Cet engouement humoristique à l’écoute de « rêves parfaitement légaux » ou de « draps achetés par (ses) soins » rappellent la condition de l’homme du peuple qui doit suivre une ligne légaliste et ne pas se mettre à la faute… soit aller au travail sans trop broncher sous peine de se retrouver au Job Center plus vite qu’un tweet envoyé au saut de lit depuis la Maison Blanche. L’assistance judiciaire ne marchera pas pour les unionistes des mines du Nord de l’Angleterre se faisant excaver de leurs galeries marchandes monolithiques, elle ne marchera pas plus pour l’ouvrier robotisé en col blanc qui écoute le dernier single de Morrissey sur sa tabette tout en consultant le cours de ses actions Siemens. Ce détachement, face aux rugueuses journées productivistes de bipèdes inféodés aux lois du marché fait du bien, on en redemanderait un peu plus aux animateurs de radio de la BBC, embarrassés par la photo d’un petit garçon prêt à massacrer la famille royale un jour de Jubilee de la Reine devant Buckingham. Le « socialiste-millionnaire » autrefois rangé du côté des working-class heroes d’Albion vit aujourd’hui d’une activité complètement dérégulée au pays du libre-échange paroxystique (ici au sein de la confédération suisse) avec un nouveau management et une nouvelle maison discographique. Et pourtant, il le sait trop bien, la musique a besoin d’une étiquette, de vertus collectivistes pour rappeler aux individualistes contraints que nous sommes des créateurs solitaires et émotifs ayant besoin au pire de nos pairs, au mieux de nos pères. Il y a aussi une nécessité urgente de se complaire dans une forme d’auto-cocooning parfaitement autorisé par des puissances nouvelles, par sa mère, son frère ou sa maîtresse ou un partenaire en affaire. Il nous faut de la liberté de ne rien foutre, de glander jusqu’à en être fatigué. La vie vaut d’être vécue s’il y a de l’air pour la contemplation. Musicalement, on notera enfin la tournerie simple et enivrante de « Spent the Day in Bed », rappelant le Morrissey inspiré des singles « Tomorrow » ou « Picadilly Palare » avec leur potentiel tubesque jamais transformé en essai (à part peut-être dans les classements alternatifs US pour le premier cité, merci KROQ). On attend avec impatience la sortie du nouvel album « Low in High-School » le 17 novembre. Le label Etienne Records (en référence au prénom de Morrissey, Stephen dont méthodologie à Esteban en castillan, Estienne en vieux françois et Etienne en français modérément moderne) accueillera l’opus et ses dérivés produits par Joe Chiccarelli (bonne décision, le réalisateur américain responsable du son de Poco ou d’Oingo Bongo a clairement contribué à transformer chaque détail des chansons de « World Peace is None of Your Business » en chef d’oeuvre de pop magistrale, servant au mieux la voix grave et doucereuse de Morrissey) au studio La Fabrique dans le sud de la France. C’est le distributeur allemand BMG qui est en charge de la promotion et de la distribution. Gageons que les moutons discographiques seront bien gardés cette fois avec un label dans une position assez proche de la position de Sanctuary Records. quand Morrissey avait fait un retour tonitruant sur la scène mondiale en 2004 avec « You Are the Quarry ». Haut les cœurs, Morrissey a décidé de soigner les mots de la société en musique. Là où il est le plus inspiré.
SINGLE OF THE DAY (IN BED)
Publié le 29 septembre 2017 par David Glaser
L’incipit dit: « je suis resté toute la journée au lit, très heureux de l’avoir fait ». Avec son nouveau single « Spent the Day in Bed », Morrissey ne se lamente plus, il a trouvé le repos. Le chanteur anglais installé en Suisse loue l’oisiveté décomplexée, le chômage technique du corps qui ne produit pas sa ration faute de livraison de cargaisons de kilojoules bienfaitrices. Musicalement, il joue avec le cœur de ses fans et de ses détracteurs, attirant les louanges des musicologistes soulignant la qualité de la mélodie, la souplesse gentiment rétro du piano électrique et des effets sonores dégingandés, tout en prêtant le flanc à une critique cinglante, une fois de plus, car signant probablement le manifeste audio le plus « mediaphobique » de notre été indien. A l’heure de la contestation des fake news russes et de l’alt-right US léchant les bottes de Steve Bannon, est-ce que les « news » dont le Moz parle vous font réellement sentir tant que ça petit, peureux et lobotomisé comme il le raconte avec un sens narratif chirurgical. Avec Morrissey, on a toujours compris facilement, nous francophones, les mots en anglais, les traits d’humour ou d’esprit Wildiens, souvent corrosifs, souvent dérisoires, incontestablement plaisants. Morrissey manie l’ellipse à tout bout de phrase et dans ce peu de mots, on ne peut s’empêcher de sentir le ras-le-bol (partagé) qu’il ressent par rapport à la machine médiatique « qui ne dit rien sur (lui) ou sur (sa) vie ». Comme il le chantait dans « Panic » à propos d’un animateur radio très technicien de surface, dénué de profonde réflexion sur ses choix de playlist. « Spent the Day in Bed » est un expression antisociale rassurante, une bombe antimondialisation/antilibéralisme qui questionne le travail et ses conséquences sur le moral des troupes productives. Le poème musical est très bien fait. Tranchant par sa simplicité textuelle et l’aspect ciselé du dernier couplet inventoriant les moyens modernes de se déplacer au point de faire brunir de colère un anabaptiste du Jura bernois devant tant de débauche de technologie ultra-moderne. Cet engouement humoristique à l’écoute de « rêves parfaitement légaux » ou de « draps achetés par (ses) soins » rappellent la condition de l’homme du peuple qui doit suivre une ligne légaliste et ne pas se mettre à la faute… soit aller au travail sans trop broncher sous peine de se retrouver au Job Center plus vite qu’un tweet envoyé au saut de lit depuis la Maison Blanche. L’assistance judiciaire ne marchera pas pour les unionistes des mines du Nord de l’Angleterre se faisant excaver de leurs galeries marchandes monolithiques, elle ne marchera pas plus pour l’ouvrier robotisé en col blanc qui écoute le dernier single de Morrissey sur sa tabette tout en consultant le cours de ses actions Siemens. Ce détachement, face aux rugueuses journées productivistes de bipèdes inféodés aux lois du marché fait du bien, on en redemanderait un peu plus aux animateurs de radio de la BBC, embarrassés par la photo d’un petit garçon prêt à massacrer la famille royale un jour de Jubilee de la Reine devant Buckingham. Le « socialiste-millionnaire » autrefois rangé du côté des working-class heroes d’Albion vit aujourd’hui d’une activité complètement dérégulée au pays du libre-échange paroxystique (ici au sein de la confédération suisse) avec un nouveau management et une nouvelle maison discographique. Et pourtant, il le sait trop bien, la musique a besoin d’une étiquette, de vertus collectivistes pour rappeler aux individualistes contraints que nous sommes des créateurs solitaires et émotifs ayant besoin au pire de nos pairs, au mieux de nos pères. Il y a aussi une nécessité urgente de se complaire dans une forme d’auto-cocooning parfaitement autorisé par des puissances nouvelles, par sa mère, son frère ou sa maîtresse ou un partenaire en affaire. Il nous faut de la liberté de ne rien foutre, de glander jusqu’à en être fatigué. La vie vaut d’être vécue s’il y a de l’air pour la contemplation. Musicalement, on notera enfin la tournerie simple et enivrante de « Spent the Day in Bed », rappelant le Morrissey inspiré des singles « Tomorrow » ou « Picadilly Palare » avec leur potentiel tubesque jamais transformé en essai (à part peut-être dans les classements alternatifs US pour le premier cité, merci KROQ). On attend avec impatience la sortie du nouvel album « Low in High-School » le 17 novembre. Le label Etienne Records (en référence au prénom de Morrissey, Stephen dont méthodologie à Esteban en castillan, Estienne en vieux françois et Etienne en français modérément moderne) accueillera l’opus et ses dérivés produits par Joe Chiccarelli (bonne décision, le réalisateur américain responsable du son de Poco ou d’Oingo Bongo a clairement contribué à transformer chaque détail des chansons de « World Peace is None of Your Business » en chef d’oeuvre de pop magistrale, servant au mieux la voix grave et doucereuse de Morrissey) au studio La Fabrique dans le sud de la France. C’est le distributeur allemand BMG qui est en charge de la promotion et de la distribution. Gageons que les moutons discographiques seront bien gardés cette fois avec un label dans une position assez proche de la position de Sanctuary Records. quand Morrissey avait fait un retour tonitruant sur la scène mondiale en 2004 avec « You Are the Quarry ». Haut les cœurs, Morrissey a décidé de soigner les mots de la société en musique. Là où il est le plus inspiré.